L’excellence est un niveau qu’on peut atteindre assez facilement. C’est vrai. Souvent, un constructeur automobile lance une idée, la transpose en quelque chose de concret, et quelque temps après, on assiste à une petite révolution dans la catégorie ou même dans l’industrie. Un de mes exemples préférés est la Mazda MX-5, qui a ramené le roadster sur la carte et a eu tout un impact dans le monde des voitures sport.
Dans le segment des berlines compactes de luxe, les modèles innovateurs et sensationnels se succèdent à un rythme impressionnant. Pensons à la BMW Série 3 de la génération E30, à la Mercedes-Benz 190 E (W201) et à la Lexus IS 300 de 1998.
Quand cette dernière a fait la tournée des salons de l’auto et son arrivée chez les concessionnaires, l’aura qui l’entourait était sans précédent pour une marque japonaise — enfin une berline de performance avec du style, de l’étoffe et un côté désirable pouvant faire de l’ombre aux Allemandes de l’époque.
Tristement, 8 ans plus tard, l’excellence atteinte par Lexus s’est effritée jusqu’à devenir très ordinaire. Même la version IS F n’a rien pu changer. La compagnie s’est heureusement reprise en 2014 avec la 3e génération de la IS, mais elle a commise une erreur.
IS 300
J’aime la Lexus IS actuelle, de façon générale. Son design extérieur est beaucoup plus attrayant que celui de l’ancienne. Toutefois, Lexus aurait dû se contenter d’offrir 2 versions et 2 moteurs. Les IS 200t et IS 350 AWD suffisent amplement.
L’appellation « 300 » devrait être réservée à une IS de plus de 300 chevaux, n’êtes-vous pas d’accord? Ce nombre devrait désigner une version plus sportive, plus performante, en souvenir de l’originale — pas un vulgaire entre-deux. Si le but de Lexus était d’émoustiller les amateurs, désolé, ça ne marchera pas. Si c’est pour vendre plus d’exemplaires, peut-être que oui.
V6 de 3,5 litres
Ce moteur est aujourd’hui extrêmement répandu au sein des gammes de Toyota et de Lexus, allant de la Camry à la GS, du Highlander au RX. Normal, puisqu’il est doté d’une puissance généreuse, d’un bon couple à bas régime et d’un son charmant. J’aime l’exploiter dans tous les modèles que j’essaie… sauf la Lexus IS 300 AWD 2016.
Voyez-vous, le V6 se trouve ici amputé au point où le 4-cylindres turbocompressé (241 chevaux, 258 livres-pied) le dépasse. Il a beau générer 14 chevaux de plus, mais on en profite seulement à 6 400 tours/minute, soit 800 tours plus haut qu’avec le moteur de base. Quant au couple, réduit de 22 livres-pied, on l’atteint pleinement quelque 350 tours plus tard. Ce n’est pas tout : le V6 fait équipe avec une boîte automatique à 6 rapports alors que celle du 4-cylindres turbo en compte 8. Le seul avantage de la Lexus IS 300 AWD par rapport à la IS 200t est sa transmission intégrale. Malgré cela, la compagnie veut quand même vous faire payer 2 250 $ de plus!
D’autres problèmes…
La Lexus IS 300 AWD 2016 n’est pas une mauvaise voiture en soi, mais elle rate la cible pour les raisons que je viens d’énumérer et aussi pour la suivante : on dirait qu’elle a perdu son « mojo ». La semaine après mon essai routier, je me suis retrouvé au volant d’une GS 350 AWD et j’ai renoué mon histoire d’amour avec le V6 de 3,5 litres.
À 49 200 $, la belle IS 300 AWD que j’ai testée incluait l’ensemble F SPORT 2 avec jantes exclusives de 18 pouces, calandre trapézoïdale en sablier au cadre chromé proéminent et grillage alvéolaire exclusif, éléments aérodynamiques, sélecteurs de vitesses au volant et plus encore. En théorie, la conduite devrait être amusante. Malheureusement, quand on écrase l’accélérateur au plancher, il ne se produit pas grand-chose à part le son charmant que j’ai mentionné tout à l’heure. Se pourrait-il que cette version s’adresse aux pépères?
Des fois, j’avais l’impression d’entendre le V6 me dire : « ce n’est pas de ma faute; c’est eux qui m’ont fait ça ». Je n’ai pas encore eu le plaisir d’essayer le moteur turbo de 2,0 litres, mais je suis convaincu qu’il entraîne des décollages plus francs, de meilleures reprises et surtout plus de sourires au volant. Au moins, la boîte à 6 rapports fait bien son travail.
Un roulement bien équilibré
Sur la route, la Lexus IS 300 AWD 2016 se conduit comme une berline de luxe se doit. Elle est assez bien isolée contre les défauts de la chaussée, mais garde un contact ferme en tout temps. Sa direction s’avère rapide d’exécution et bien dosée, à défaut de communiquer clairement avec le train avant. D’autre part, la suspension fournit juste assez de confort et d’agilité ― c’est assurément l’un des meilleurs attributs de cette voiture.
Bravo pour l’habitacle
En se glissant à bord de la Lexus IS, on découvre une présentation à la fois chic et rétro. Le tableau de bord est unique et fonctionnel : j’aime surtout les boutons rotatifs argentés du système audio (très cool) et l’écran multimédia placé tout en haut du bloc central. En revanche, la commande Remote Touch sur la console demeure complexe à utiliser.
S’il manque un peu de rangement dans cette berline compacte, je dois dire que les sièges avant procurent beaucoup de soutien et je les apprécie vraiment. Par ailleurs, la finition et l’assemblage sont sans reproche comme dans tous les véhicules de Lexus.
Une concurrence qui ne pardonne pas
Les modèles plus compacts et plus sportifs de Lexus ont certaines qualités et je veux bien les aimer, mais comme dans le cas de Fiat-Chrysler, plus les véhicules sont gros, plus le produit et l’expérience de conduite savent nous satisfaire.
Dans cette catégorie, la nouvelle Audi A4 2017 est mon premier choix et les autres berlines allemandes viennent ensuite. Même l’Infiniti Q50 récemment modernisée a plus de mordant que la Lexus IS.
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