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Essai de la Ford Falcon 1960 : l’ancêtre de la Mustang

Ford Falcon 1960 | Photo : D.Rufiange
Le meilleur taux d'intérêt
Daniel Rufiange
Il est temps d’accorder à cet oiseau de proie le respect qu’il mérite

Auto123 met à l’essai la Ford Falcon 1960 !

Certains grands noms de l’histoire n’auraient jamais pu profiter d’une notoriété, n’eût été la place occupée par un prédécesseur quelconque, une personne ou un élément, leur ayant ouvert la voie. Un exemple simple ; Jacques Villeneuve ne se serait probablement jamais adonné à la course automobile si son père Gilles avait eu une passion pour le macramé plutôt que pour la vitesse.

Parfois, le précurseur en question est lui-même populaire. Ce fut le cas de Gilles. En d’autres occasions, l’initiateur œuvre dans l’ombre, un peu comme un héros obscur.

Ce qui s’applique à l’humain est aussi observable dans d’autres domaines, dont l’automobile. Dans cet univers, si ce n’avait pas été de tel ou tel modèle, certains classiques n’auraient jamais vu le jour.

C’est le cas de la Mustang. Apparue en 1964, elle doit une fière chandelle à une autre voiture de la famille Ford.

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Ford Falcon 1960, avant
Ford Falcon 1960, avant | Photo : D.Rufiange

Récit d’une vedette méconnue

Dans les petits pots…
Dans les années 50, les constructeurs américains ne proposaient pas vraiment de voitures compactes aux consommateurs. Il y avait bien la Corvette chez Chevrolet et la Thunderbird chez Ford, mais ces dernières étaient des sportives, non des produits conçus pour la famille.

Un changement de mentalité s’opère tranquillement dans la décennie. Petit à petit, les voitures européennes débarquent dans nombre de foyers nord-américains et plusieurs, profitant de l’économie florissante d’après-guerre, considèrent l’achat d’une deuxième voiture.

Voilà qu’on introduit dans l’histoire un personnage connue pour tout autre chose : Robert McNamara. Avant d’être secrétaire à la défense des présidents Kennedy et Johnson œuvrait chez Ford, cet homme d’affaire avait œuvré chez Ford ; et, il est en quelque sorte le père de la Falcon. Dès son arrivée au sein de la compagnie, en 1946, il se fait remarquer grâce à son flair et son sens des affaires. Il contribue à la renaissance de Ford pour qui la guerre n’avait pas été facile.

C’est lui qui hérite du projet de la Falcon. Il va en faire la voiture qu’elle est devenue. Son objectif est d’offrir une bagnole peu coûteuse, tant à l’achat qu’à l’entretien.

L’idée, c’est d’offrir au consommateur le meilleur de l’automobile américaine, mais dans un petit format.

Ah, oui. La voiture doit aussi être profitable à Ford.

Ford Falcon 1960, trois quarts arrière
Ford Falcon 1960, trois quarts arrière | Photo : D.Rufiange

Départ canon
À défaut d’offrir des prestations relevées, la Falcon connaît un départ canon… au chapitre des ventes. Introduite à la presse le 21 septembre 1959, elle voit son carnet de commandes se remplir à la vitesse de l’éclair.

Lors de sa première année de commercialisation, en 1960, Ford en écoule 435 676. En 1961, on dépasse cette marque avec 474 191 unités assemblées. En 1962, on franchit la barre du million d’exemplaires produits.

Ironiquement, on vivra le même genre d’euphorie avec la Mustang, mais les succès initiaux de la Falcon ont été oubliés.

Ford Falcon 1960, roue
Ford Falcon 1960, roue | Photo : D.Rufiange

Simplicité volontaire
Le succès de la Falcon se résume à deux choses ; simplicité et prix. En 1960, le modèle à deux portes se vendait 1912 $. Celui à quatre portes, 1974 $. Il était difficile de trouver mieux. Chevrolet offrait bien la Corvair et Plymouth la Valiant, mais ces dernières étaient légèrement plus chères à l’achat.

Quant à la simplicité de la Falcon, encore là, on ne trouvait pas mieux. Son moteur était un 6-cylindres en ligne de 144 pouces cubes et 90 chevaux. La suspension était à ressorts hélicoïdaux à l’avant et à lames à l’arrière. Quant au freinage, il était assuré par quatre tambours. Côté transmission, la manuelle à trois rapports avec levier à la colonne de direction était de série alors que la Ford-O-Matic à deux vitesses était livrable en option.

On retrouvait quatre versions au catalogue, soit la berline, le coupé ainsi que deux variantes familiales ; l’une à deux portes, l’autre à quatre portes.

Sans surprise, le modèle le plus populaire fut le moins cher. En tout, 193 470 unités à deux portes furent vendues. En revanche, la familiale à deux portes, offerte à 62 $ de moins que sa cousine à quatre portes, fut la moins « populaire » à 27 552 unités.

La Falcon en 1960 : une recette à succès simple comme bonjour.

Ford Falcon 1960, phare
Ford Falcon 1960, phare | Photo : D.Rufiange

Au volant
Ceux qui optaient pour une Falcon en 1960 savaient dans quoi il s’embarquait, dans tous les sens du terme. Il fallait ici oublier la notion de grand confort qui avait été introduite par les grosses berlines des années 50. Il fallait aussi écarter du revers de la main toute idée saugrenue concernant la performance. Vous l’avez vu, le moteur de la Falcon n’avait rien d’impressionnant.

En revanche, la voiture n’était pas très lourde et à la sortie de la crise économique de 1958, sa consommation d’essence réduite avait de quoi séduire. Et c’est sans compter sur les lignes charmantes qu’elle avançait.

Tout cela pour vous dire que lorsqu’on m’a offert de prendre le volant d’un exemplaire magnifiquement conservé, je ne me suis pas fait prier.

En prenant place sur la banquette qui nous accueille, on réalise à quel point les choses avaient été faites simplement à l’époque. Juste assez d’espace pour se glisser derrière le volant, une planche de bord offrant le strict minimum, un degré de confort spartiate et une insonorisation qui rend la présence d’une chaîne audio inutile.

En tournant la clef, le petit moulin se met en marche et fait trembloter la carcasse au point où on a l’impression d’être assis sur une essoreuse. Puis, tout se calme alors que le moteur se réchauffe un peu. Instinctivement, on ressent lorsqu’il est prêt à prendre la route ; c’est comme s’il nous parlait.

Ford Falcon 1960, intérieur
Ford Falcon 1960, intérieur | Photo : D.Rufiange

En se lançant sur la voie publique, on découvre ce qu’est la simplicité volontaire… automobile. Aucune aide à la conduite, bien sûr, en faisant référence à la servodirection et aux servofreins. Ici, tout passe par le ressenti de celui qui se trouve aux commandes. Cependant, une fois en marche, on l’oublie et on guide cette puce sans se poser trop de questions. Surtout, on apprécie sa sobriété. Et, contrairement à ses grosses compatriotes de l’époque, on ne ressent pas cet embonpoint qui caractérisait à peu près toutes les créations de l’époque. Sans dire qu’elle est agile, la Falcon se conduit étonnamment facilement.

Et comme c’est souvent le cas lorsqu’on pilote une ancienne, on arbore un large sourire tout en envoyant la main aux passants. Surtout, on comprend pourquoi il existe toujours un engouement pour ce modèle, 60 ans après sa première apparition publique.

Comme quoi pour apprécier une voiture de collection, il n’est pas nécessaire de se ruiner. On peut mettre la main sur une Falcon en magnifique condition pour une dizaine de milliers de dollars.

Ford Falcon 1960, jauges
Ford Falcon 1960, jauges | Photo : D.Rufiange
Ford Falcon 1960, boutons console
Ford Falcon 1960, boutons console | Photo : D.Rufiange

Conclusion
Un succès la Falcon ? Les chiffres avancés plus tôt sont là pour le prouver. Lorsqu’est venu le temps de concevoir la Mustang, on l’a essentiellement déposée sur le châssis de la Falcon et le tour était joué. À son tour, la Mustang inspirera d’autres créations.

Tout ça n’aurait peut-être jamais été possible sans la Falcon.

Du respect pour cette petite, de grâce.

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Ford Falcon 1960, écusson
Ford Falcon 1960, écusson | Photo : D.Rufiange

Fiche technique

Marque : Ford
Modèle : Falcon
Version : Tudor (2 portes « berline »)
Année : 1960
Production : 193 470 unités (deux portes)
Prix : 1912 $ USD
Options : transmission automatique (159 $)
Moteur : 6-cylindres en ligne de 144 pouces cubes
Puissance : 90 chevaux @ 4200 tr/min
Couple : 138 livres-pieds @ 2000 tr/min
Transmission : automatique à deux vitesses Ford-O-Matic
Poids : 2282 livres
Modèles similaires de 1960 : AMC Rambler, Chevrolet Corvair, Plymouth Valiant, Studebaker Lark

Ford Falcon 1960, calandre
Ford Falcon 1960, calandre | Photo : D.Rufiange
Ford Falcon 1960, trois quarts arrière
Ford Falcon 1960, trois quarts arrière | Photo : D.Rufiange
Ford Falcon 1960, moteur
Ford Falcon 1960, moteur | Photo : D.Rufiange
Ford Falcon 1960, arrière
Ford Falcon 1960, arrière | Photo : D.Rufiange
Daniel Rufiange
Daniel Rufiange
Expert automobile
  • Plus de 17 ans d'expérience en tant que journaliste automobile
  • Plus de 75 essais réalisés au cours de la dernière année
  • Participation à plus de 250 lancements de nouveaux véhicules en carrière en présence des spécialistes techniques de la marque