Pendant que j’essayais l’infernale Dodge Charger SRT Hellcat 2015, ma copine est allée s’acheter un T-shirt sur lequel on peut lire : « Good girls go to Heaven, bad girls go everywhere » (les filles sages vont au paradis; les méchantes vont partout). Je ne peux m’empêcher de tracer un parallèle entre les deux.
Voyez-vous, les berlines sages comme la Toyota Avalon (qui rivalise avec la Charger de base) aboutissent dans de beaux quartiers tranquilles et sillonnent paisiblement la banlieue, tandis qu’une méchante voiture comme la SRT Hellcat attire ceux qui aiment jouer de vilains tours sur la route et même sur la piste. Partout où elle passe, elle sèmera la terreur.
Infernale, mais conviviale
La Dodge Charger SRT Hellcat 2015 est une machine d’enfer et c’est tout ce que vous devez retenir. Sachez que je ne l’ai pas conduite sur un circuit, mais je m’en suis servi dans la vie de tous les jours (pour aller à l’épicerie, au centre commercial, etc.) comme je l’aurais fait avec une Micra. Évidemment, j’ai passé beaucoup de temps à la station-service, mais je l’ai trouvée confortable, spacieuse, bien assemblée et bien équipée – sans oublier terriblement rapide, outrageusement bruyante et aussi menaçante qu’un loup-garou injecté de stéroïdes et atteint de la rage.
J’avais de la misère à cacher mon sourire diabolique chaque fois que je m’approchais de la voiture, clé rouge en poche (c’est celle qui libère toute la puissance du moteur, alors que la noire la limite). Vous connaissez le lutteur Mark Henry? Il a l’air d’un tueur et on ne veut surtout pas se retrouver sur son chemin, mais ce n’est pas le plus beau spécimen en ville. La Charger SRT Hellcat lui ressemble en ce sens. Ses roues et ses pneus de taille surdimensionnée, sa calandre grillagée intimidante et son capot bien bombé avertissent clairement les autres conducteurs de ne pas la prendre en duel à un feu rouge.
Des chiffres hallucinants
Tout amateur de performance qui se respecte a entendu parler que cette monstrueuse Charger accélère de 0 à 100 km/h en moins de 4 secondes et qu’elle franchit le quart de mille en 11 secondes avec des pneus de route. De plus, elle passe de 0 à 160 à 0 km/h en moins de 13 secondes et sa vitesse de pointe s’élève à 328 km/h.
Ces chiffres, attribuables à un V8 HEMI suralimenté de 6,2 L, ont permis à la Dodge Charger SRT Hellcat d’enflammer les discussions sur Internet quand Fiat-Chrysler en a fait l’annonce vers la fin de l’année dernière. Des vidéos la montrant en train de pulvériser ses pneus à la moindre occasion sont vite apparues par la suite.
J’ai conduit plusieurs voitures très explosives dans ma carrière (SLS AMG, 911 Turbo S, Gallardo, GT-R, etc.), mais seulement une ou deux m’ont paru aussi violentes que la plus puissante des Dodge. Au décollage, la boîte de vitesses, le système antipatinage, le différentiel à glissement limité asymétrique et les pneus gigantesques de la Hellcat ont la tâche herculéenne de ne pas gaspiller toute sa puissance. Bien que l’accélération soit foudroyante et écrasante, le vrai plaisir se trouve dans les dépassements et chaque espace entre 2 véhicules devient une occasion de s’amuser.
La cavalerie de Satan
Imaginez un avion Douglas DC3 qui file à 333 km/h, mais qui se fait dépasser par un Lockheed Blackbird volant 15 fois plus vite. Ça vous donne une bonne idée de la distance qui se crée entre la Dodge Charger SRT Hellcat 2015 et le trafic quand on enfonce brusquement l’accélérateur.
Bien sûr, la statistique la plus importante, celle qui frappe l’imaginaire et rend aussi gaga qu’un billet de loterie gagnant, est la puissance du moteur : 707 chevaux! Ça vient aussi avec un couple de 650 livres-pied. Avant de vous en dire plus, j’aimerais que vous preniez le temps d’écouter le moteur de la SRT Hellcat qui démarre. Notez que la vidéo a été tournée alors que le moteur était chaud. À froid, je vous garantis que même les résidents de la municipalité voisine sortent de leur maison pour comprendre ce qui se passe.
Jusqu’à récemment, les compresseurs à l’admission détenaient un net avantage par rapport aux turbocompresseurs. Si ces derniers accompagnent généralement des moteurs à injection directe avec un taux de compression élevé, les premiers font surtout ressentir leur force à bas régime. À l’instar des moteurs atmosphériques, les moteurs suralimentés (à admission forcée) livrent leur puissance de façon linéaire, sauf que celui de la Charger SRT Hellcat pousse comme une navette spatiale. En outre, il rend profondément accro, sans doute plus que n’importe quelle drogue dure.
Pleine de classe
Les mains deviennent moites et l’adrénaline coule à flots alors que le V8 SRT vient à peine de démarrer. L’accélération en soi est tout un événement, mais le freinage impressionne autant grâce aux étriers Brembo (6 pistons à l’avant, 4 pistons à l’arrière) qui mordent les énormes disques plus rapidement et férocement qu’une tigresse. En fait, vous aurez bien du mal à trouver des disques aussi gros sur un modèle de moins de 100 000 $. Je rends gloire au constructeur pour les avoir installés.
Prendre la route avec la Dodge Charger SRT Hellcat 2015 s’avère étonnamment plaisant, dans le sens de pas excessivement inconfortable pour une berline familiale qui crache plus de puissance qu’une Lamborghini Huracan. Le roulement de la voiture, comme plusieurs autres aspects, peut être ajusté selon 3 modes : Route, Sport et Piste. Le premier ne change rien par rapport à la Charger ordinaire; le second met plus de piquant, mais ne convient pas aux rues atroces de Montréal; et le dernier, comme son nom l’indique, est parfait pour la piste.
Une bête automatique
Gérer toute la puissance de la Charger SRT Hellcat demande une boîte de vitesses exceptionnelle, alors les ingénieurs ont retenu l’automatique 8HP90 TorqueFlite à 8 rapports. Celle-ci se montre tellement efficace que je ne comprends pas pourquoi certains fabricants ont encore de la difficulté à bien calibrer une boîte de vitesses pour une petite voiture à 4 cylindres.
Les 8 rapports sont tous parfaitement étagés et répondent à l’appel de manière fantastique. Cette boîte automatique peut aussi bien fonctionner en douceur que marteler les rapports en un éclair et les faire correspondre avec le régime du moteur. Elle n’hésite pas à rétrograder de 3 ou 4 rapports quand on veut dépasser, ce qui catapulte la voiture d’un coup sec. Il est possible de la contrôler à l’aide des sélecteurs manuels au volant, mais je ne les aime pas. Lisez mon essai du Jeep Grand Cherokee SRT Red Vapor pour plus de détails là-dessus.
Confortable et abordable comme ce n’est pas possible
L’habitacle de la Dodge Charger SRT Hellcat 2015 renferme des sièges sport massifs qui savent tout de même bien envelopper le corps d’un homme de taille moyenne. Les ceintures rouges en option sont une très belle touche et, encore une fois, le système d’infodivertissement Uconnect se présente comme l’un des meilleurs sur le marché.
Cinq adultes entrent facilement dans la Charger, mais ça, vous le saviez déjà. Pour ce qui est du prix de la SRT Hellcat, il commence à 69 695 $ et grimpe à un peu plus de 76 000 $ avec quelques options. Sur le marché, il n’existe aucune autre berline de puissance comparable, encore moins pour ce genre de budget – aucune. La Charger SRT Hellcat est une voiture fabuleuse et unique.
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