Refermer les longues portes en élytre est toujours un moment d'exception. D'autant que le "clac ", désormais plus sourd, plus net, témoigne du soin apporté à la qualité d'assemblage (notamment pour la carrosserie). Merci, Audi ! Une fois aux commandes d'une telle machine à accélérer le temps, face à un indicateur gradué de 30 km/h en 30 km/h, et jusqu'à 360 km/h, on ne fait pas trop le fier... Pourtant, ô surprise, aussi bestiale et impressionnante qu'elle soit, la Murciélago n'est pas une diva capricieuse ! Son douze cylindres tourne régulièrement sur son ralenti ; sa pédale d'embrayage, relativement assouplie, ne requiert pas des mollets de cyclistes et sa commande de boîte glisse facilement dans sa grille d'aluminium. Quant à la position de conduite, toujours avec les jambes désaxées par rapport au buste, elle profite d'un volant à présent réglable en profondeur. Voilà qui change de la Diablo, même si les premiers kilomètres à bord de la Murciélago s'effectuent toujours avec anxiété : un gabarit aussi surnaturel (4,58 m de long, 2 m de large), 580 chevaux sous le pied droit et... 221 813 g entre les mains, ça donne à réfléchir. Et puis, en dépit de l'apparente docilité de sa mécanique, de ses quatre roues motrices et de son antipatinage, la Murciélago ne dévoile pas son potentiel au premier virage. Malgré son confort de suspension étonnant et son V12 capable d'enrouler sur son couple à 1 000 tr/mn en 6e, avec un naturel déconcertant, la Murciélago est le genre de sportive (hélas, en voie de disparition !) qui s'apprivoise, se laisse désirer et demande un certain temps d'adaptation. Mais aussi quelques aptitudes physiques, surtout sur des petites routes de montagne où son comportement pataud et sa direction plutôt ferme exigent d'amples braquages du volant. À la fin d'une journée, les muscles des bras s'en souviennent.